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Vous vous souvenez certainement de quelques vers appris sur le banc de  l’école.

Alors, je vous propose de retrouver quelques célèbres et moins célèbres poèmes, et  récitations.. Chaque semaine, sur ce blog, découvrez, ou redécouvrez  un nouveau poème.

Mais surtout j’attends vos propositions. Confiez moi vos souvenirs, et s’il s’agit que de quelques phrases ou quelques vers, je ferais en sorte de vous retrouver ce texte entier .

 

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 23:10

lettre D2es murs crépis, de pauvres toits,
Un pont, un chemin de halage,
Et le moulin qui fait sa croix
De haut en bas, sur le village.

Les appentis et les maisons
S'échouent, ainsi que choses mortes.
Le filet dort : et les poissons
Sèchent, pendus au seuil des portes.

Un chien sursaute en longs abois ;
Des cris passent, lourds et funèbres ;
Le menuisier coupe son bois,
Presque à tâtons, dans les ténèbres.

Tous les métiers à bruit discord
Se sont lassés l'un après l'autre
Derrière un mur, marmonne encor
Un dernier bruit de patenôtres.

Une pauvresse aux longues mains,
Du bout de son bâton tâtonne
De seuil en seuil, par les chemins ;
Le soir se fait et c'est l'automne.

Et puis viendra l'hiver osseux,
Le maigre hiver expiatoire,
Où les gens sont plus malchanceux
Que les âmes en purgatoire.

                      Emile  VERHAREN

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 22:23

pieters-evert-1856-1932-nether-pecheur-a-cheval-a-la-charreVagues d'argent et beau ciel clair
Le flot sur les grèves se vide.
Les cinq pêcheurs équestres de Coxyde
Pèchent nonchalamment, sur le bord de la mer.

Dans les lueurs et dans les moires
Des vagues pâles, passent,
Allant, venant,
Leurs silhouettes noires
Les chevaux vieux, les chevaux las,
Parfois lèvent la tête, et regardent là-bas,
L'espace ...

Les mailles traînent
Lentes et pesantes ; dans le remous,
Les bêtes vont, les rênes
Tombantes sur le cou,
Et monotones ;
Le corps houleux, au rythme de leur dos,
Leur cavalier les yeux mi-clos,
Siffle ou chantonne.

Une heure passe, une heure ou deux ;
On est heureux ou malchanceux ;
Le poisson vient ou bien se cache ;
On travaille par les temps chauds, par les temps froids,
Toujours, et néanmoins, on retourne chez soi,
- Oh ! que de fois ! -
Les paniers creux, sonnants et lâches.

Ainsi peinent les pêcheurs vieux,
Contents de rien, contents de peu,
Usant dans le malheur ou dans la chance,
Dans la contrainte et dans l'effort,
Les sabots de l'existence
Qui se brisent un jour et réveillent la mort ;

Pourtant, tels soirs d'été, quand, aux heures de lune
Sur leurs chevaux pesants, ils remontent les dunes
Et apparaissent, au loin, sur les crêtes, à contre-ciel,
Chargés de filets et de toiles,
On croirait voir de grands insectes irréels
Qui reviennent de l'infini
Après besogne faite et butin pris,
Dans les étoiles.

                    Emile VERHAREN

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 06:13

DSC62

Plages vides, avec toujours les mêmes flots
Poussant les mêmes cris et les mêmes sanglots
De l'un à l'autre bout des rivages de Flandre ;
Dunes d'oyats aigus, monts de sable et de cendre,
Pays hostile et dur et féroce souvent,
Pays de lutte et de ferveur, pays de vent,
Pays d'épreuve et d'angoisse, pays de rage,
Quand s'acharnent sur vous les tournoyants orages
Et leurs vagues d'hiver dressant toujours plus haut
Sous les brouillards leurs funèbres monuments d'eau,
Soyez remerciés d'être tels que vous êtes,
Tels que la mort, tels que la vie et ses tempêtes !
C'est grâce à vous qu'ils sont fermes et durs, les gars,
Qu'ils sont têtus dans le travail et dans la peine,
Qu'ils font, sans le savoir, belle, la race humaine
Qui marche à larges pas vers le péril hagard
Avec le seul désir de vaincre un destin morne.
C'est vous qui faites l'homme ardent, calme, hautain,
Entre le danger d'hier et celui de demain,
Quand le sombre équinoxe et ses ouragans cornent
C'est grâce à vous que les filles aiment dûment,
Malgré la crainte au coeur d'être trop tôt des veuves,
Ceux qui s'en vont, sans se plaindre, dans l'âpre épreuve,
Gagner le pain des jours, avec acharnement ;
Et que toutes, à l'heure où les rudes tendresses
Mêlent les chairs, au fond des chaumières, là-bas,
Servent le franc repas d'amour aux hommes las
De la brume sournoise et des houles traîtresses.
Pays des vents de l'Ouest et des bises du Nord,
Souffles chargés de sel et pénétrés d'iode,
Vous imprégnez les corps rugueux de santé chaude
Et vous armez de père en fils les peuples forts,
Pour qu'ils marquent de leur vouloir autoritaire
Le coin triste mais doux que leur offrit la terre.
Et qu'importe, qu'au long des flots, la ville, un jour,
Ait bâti ses maisons, ses dômes et ses tours
Et ses palais pareils à des rêves de pierre.
Filles et gars de Flandre, oh ! seuls, vous resterez
D'accord avec l'embrun et les grands vents
Et la rauque marée et ses vagues guerrières
Vous êtes ceux du sol qu'on ne refoule pas,
La mer a mis en vous sa force et sa folie,
Vos yeux sont beaux et sa clarté froide et pâlie
Et son rythme puissant et lourd pèse en vos pas.

Même certains de vous, les plus hardiment braves,
Charrient encor le sang des aïeux scandinaves
Dans leurs gestes épars au loin, sur l'océan.
Ils conservent en eux l'ardeur de ces géants
Qui partaient vers la mort sur leurs vaisseaux en flammes,
Sans focs, sans matelots, sans boussole, sans rames,
Et se couchaient, à l'heure où le soir est vermeil,
Ivres, dans un tombeau de flots et de soleil.

                                    Emile Verhaen

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 21:41

retouche-epave-bateau redimensionnerL'ombre qui sous la lune
Tombait, longue et pâle, des dunes,
Longeait la grève et dentelait la mer.

De loin en loin, apparaissaient des phares
Qui se mouvaient, jaunes et verts,
Avec des gestes sur la mer.

Le vieux chercheur d'épaves rares
Fouille le sable, avec des yeux d'avare,
Et va ; - son ombre
Autour de son pas lent fait de l'ombre plus sombre.

Ses pieds sont lourds et ses épaules lasses ;
Flots d'ailes blanches qui se déplacent,
Les mouettes fuient dans la nuit ;
Il les regarde, et puis s'éloigne et puis s'entête.

A revenir, et puis s'en va et puis s'arrête :
Sa petite pipe de bois
Darde soudain d'entre ses doigts
Un éclat rouge.

Un garde-côte, du haut des dunes
Qui dominent les bouges,
Parfois l'interpelle de loin,
Mais le chercheur d'épaves et de fortune
Ne répond point.

Il marche et marche, avec son vieux bâton de hêtre,
Par les chemins qui font le tour de la mer ;
Il marche et marche encore - et tout son être
Est imbibé d'orage et de grands vents amers.

Il va lassé, mais il va seul,
Rude et têtu passant du soir,
Il va toujours, toujours, toujours, avec l'espoir,
Depuis combien d'années
Gardé, que les vagues des destinées
Quand même, un jour, en leur linceul
D'écume et de fureur, étaleront,
Devant les deux yeux fous qui incendient sa tête,
L'or voyageur que les cent mains de la tempête
Jettent à l'inconnu qui marche aux horizons.

                                                        Émile VERHAEREN

 

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