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Vous vous souvenez certainement de quelques vers appris sur le banc de  l’école.

Alors, je vous propose de retrouver quelques célèbres et moins célèbres poèmes, et  récitations.. Chaque semaine, sur ce blog, découvrez, ou redécouvrez  un nouveau poème.

Mais surtout j’attends vos propositions. Confiez moi vos souvenirs, et s’il s’agit que de quelques phrases ou quelques vers, je ferais en sorte de vous retrouver ce texte entier .

 

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 13:16

63355 grandmother lg

C'est une horloge en châtaignier, Au long coffre à la mode antique,
Que dut longuement travailler -Quelque Michel-Ange rustique
Au bas, le sonneur de biniou - Fait face au sonneur de bombarde,
Durant qu'au fronton un hibou -De ses grands yeux ronds vous regarde.

Oh ! combien cela me charmait,- Quand j'étais tout petit, de suivre
La mort des Heures, que rythmait- L'énorme balancier de cuivre;

Car vraiment, lorsque près d'un seuil,- On contemple une Horloge-close,
Elle a tout l'air d'un long cercueil- Où le Temps, qui n'est plus, repose !

 

La première Heure que chanta- L'Horloge de sa Voix profonde
Fut celle au grand'maman jeta - Son premier cri dans ce bas-monde,

Et ce fut ce Dong ! éclatant - De demi-heure en demi-heure
Qui régla, dès lors, chaque instant - De ta vie, ô Toi que je pleure !

Dong ! Dong ! elle sonnait ainsi - Et l'heure grave et l'Heure folle,
L'Heure des jeux et l'Heure aussi - Où partait l'enfant pour l'école ;

Dong ! Dong ! le moment du Réveil, - Puis l'Heure où l'on se met à table;
Dong ! Dong ! le moment du Sommeil - Quand passe le Jeteur de sable;

Dong ! Dong ! l'heure où, pour le Saint-Lieu; On part, en bande, le Dimanche;
L'Heure où, pour recevoir son Dieu, - Plus tard, on met sa robe blanche;

Dong ! Dong ! la prime-aube du jour - Où l'on va travailler la Terre,
Et puis l'Heure où gémit d'amour - Le cœur las d'être solitaire !

Dong ! Dong ! les instants si joyeux - Où les petits gâs apparaissent;
L'Heure digne où s'en vont les vieux - Pour faire place à ceux qui naissent !

Et la Femme en âge avançait, -Devenait Maman, puis Grand'Mère...
Et l'Horloge aussi vieillissait - À tant sonner l'Heure éphémère;

Et Grand'Maman allait, venait - Chaque jour de plus en plus frêle...
Et l'Horloge sonnait, sonnait, - D'une voix de plus en plus grêle...

Quand de Grand'Maman la raison -Sembla, pour toujours, endormie
L'Horloge à travers la maison, - Sonna l'heure pour le demie;

Et Grand'Maman, dans son lit-clos,  Agonisa, puis se tint coîte...
Et ce furent de longs sanglots Que pleura l'Horloge en sa boîte;

Enfin, dans le lit, un soupir...   Et le grand balancier de cuivre
S'arrêta d'aller et venir   Quand Grand'Maman cessa de vivre...

Et Grand'Mère auprès des Élus Est montée avec allégresse...
Et l'Horloge ne sonne plus; Elle est morte aussi de vieillesse,

Morte à jamais ! C'est vainement - Qu'un grave horloger l'interroge :
C'était le cœur de Grand'Maman - Qui battait dans la vieille Horloge !

                                          THéodore BOTREL

Toujours aussi triste, mais  très beau .  Poéme proposé par ma soeur  Mimi

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 22:48

Botrel– À quinze ans à peine, aux bancs de Terre-Neuve,
Pauvres p'tits "graviers", pourquoi partez-vous ?
– Dame ! il le faut ben : notre mère est veuve,
Et l'on n'a plus d'pain à manger chez nous !

– Quand vient février, vers les mers lointaines,
Pauvres p'tits "graviers", combien partez-vous ?
– On est, pour le moins, sept à huit centaines
Qui s'en vont là-bas... mais n'en r'vienn'nt pas tous !

– La charge complète, à la côt' bretonne
Pauvres petits "graviers", quand reviendrez-vous ?
– Partis en hiver, on rentre en automne :
Nous ne r'verrons plus les étés si doux !

– Sortis des bateaux, le cœur tout malade,
Pauvres p'tits "graviers", où débarquez-vous ?
– Entre le Cap Rouge et l'île Langlade :
C'est l'Ile-aux-Chiens qu'est notre rendez-vous !

– Pendant les neuf mois que dur'nt les grand's pêches
Pauvres p'tits "graviers", là, qu'y faites-vous ?
– Nous fendons en deux les gross's morues fraîches
Les "ébrouaillons" et leur coupons l'cou !

– Un pareil travail doit vit' vous abattre ?
Pauvres p'tits "graviers", quand reposez-vous ?
– Nous sommes debout vingt heur's sur vingt-quatre,
Pour nous réveiller on nous f... des coups.

– Mais, pour ranimer vos forc's abattues,
Pauvres p'tits "graviers", dit's, que mangez-vous ?
– On nous fait bouillir des têtes de morues...
Mais ça n'remplc' pas un' bonn' soupe aux choux !

– Quand nul ne vous aime et ne vous écoute,
Pauvres p'tits"graviers", comment vivez-vous ?
– Nous buvons, d'un coup, quéqu's boujarons d'gouttes
Et l'on s'croit heureux lorsque l'on est soûls...

– Mais en revenant dans vos maisonnées,
Pauvres p'tits "graviers", qu'y rapportez-vous ?
– Monsieur l'Armateur nous paie nos journées
À raison, comm' ça, de sept à huit sous !...

– Après tant et tant d'horribles misères,
Pauvres p'tits "graviers", rembarquerez-vous ?
– Dame, oui... nous faisons comme on fait nos pères...
Et, plus tard, nos gâs feront comme nous !

 

                                                          Théodore Botrel

 Ma soeur Mimi, comme moi, aime lire et relire ces beaux et tristes poémes de Botrel, qui sont bien souvent devenus des chansons. C'est elle qui me ressort de ces trésors, ce poéme, dédié aux petits graviers.

On appelle "graviers" les ouvriers qui sont chargés de faire sécher la morue sur les "grèves" (ou  "graves", mot d'origine bordelaise qui signifie : plages en galets et cailloutis). 

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